A girl with a surprised expression (foreground) points at her computer screen, where her desk mate, another girl, is also looking.
Écrit par Chris Welsch

Unir le monde dans une salle de classe : comment l’IA brise les barrières dans une école belge

ANVERS, Belgique – Sous une pluie froide à l’aube, une cour de récréation s’anime. Des enfants emmitouflés dans leurs manteaux et écharpes courent, grimpent, crient et chuchotent par petits groupes.

Si l’on tend l’oreille, on peut entendre du néerlandais, mais aussi du pashto, de l’arabe, de l’espagnol ou encore de l’ukrainien. Dans cette école baptisée De WereldreizigerLe Voyageur du Monde –, 70 langues se croisent parmi les 425 élèves, dont beaucoup sont issus de familles ayant fui la guerre ou la précarité économique.

Autant de langues, autant de niveaux scolaires différents, et des vies souvent marquées par des expériences radicalement opposées en dehors de l’école. Comment permettre à un enfant ayant perdu son foyer sous les bombes en Ukraine ou à Gaza de suivre le même enseignement qu’un enfant issu d’une famille flamande de classe moyenne ?

La réponse tient en deux éléments : une ouverture d’esprit sans faille – le directeur de l’école insiste sur le fait que cette diversité est une « richesse et une opportunité d’apprentissage » – et une volonté d’innover.

Grâce aux outils de Microsoft, l’école explore des solutions pour permettre à chaque enseignant de mieux accompagner ses élèves. Parmi ces outils, des applications basées sur l’IA facilitent l’apprentissage de la lecture et de l’expression orale, tandis que chaque élève à partir de la troisième année primaire dispose d’un ordinateur Surface.

Charlie Todts, enseignante et coordinatrice à l’école, observe la cour de récréation avec calme tout en saluant parents et élèves au début de la journée.

Originaire d’Anvers, elle est convaincue par la pédagogie de l’établissement. Ses propres filles, âgées de 7 et 3 ans, sont scolarisées ici – la plus jeune à la maternelle située juste à côté.

« Ma fille aînée sait dire bonjour dans huit langues différentes », raconte Charlie en souriant. « Moi, je n’en suis pas capable. Ce que j’aime ici, c’est que le monde entier se retrouve dans cette école. »

Head-and-shoulders portrait of a smiling blonde woman in a gray-and-white pattered sweater.

Selon elle, les outils fournis par Microsoft sont indispensables face à la diversité des élèves. « Sans ordinateur ni applications innovantes, il est extrêmement difficile d’adapter mon enseignement à 20 élèves, chacun avec son propre niveau. Je ne peux pas être partout à la fois, mais grâce à ces outils, je peux toucher davantage d’enfants. »

Charlie Todts, enseignante et coordinatrice à l’école primaire De Wereldreiziger à Anvers. Elle et son mari ont choisi d’y scolariser leurs deux enfants, car ils adhèrent à ses méthodes et à sa mission. Photo de Chris Welsch pour Microsoft.

Une reconnaissance pour l’excellence en IA

À l’étage, dans la salle des professeurs, le directeur Jef Groffen enlève son imperméable après avoir traversé la ville à vélo sous la pluie. Il est à la tête de l’école depuis sept ans et a été l’un des moteurs de son virage numérique. Ses efforts pour améliorer les compétences en lecture des élèves ont valu à l’établissement le Special Belgian Award for AI in Education, une distinction qui récompense le meilleur projet d’intelligence artificielle dans l’éducation en Belgique.

L’école De Wereldreiziger se situe en plein cœur d’Anvers, à deux pas de la gare centrale. Son caractère international est donc naturel. Mais pour s’intégrer en Flandre, il faut maîtriser le néerlandais, qui est parlé par environ 6,5 millions de personnes en Belgique.

Groffen affiche une présentation PowerPoint sur son ordinateur. Quelques chiffres clés apparaissent : plus de 70 % des élèves ne parlent pas néerlandais à la maison, et près de 60 % ont une mère qui n’a pas obtenu son diplôme de l’enseignement secondaire.

« C’est un facteur déterminant pour la réussite scolaire », explique-t-il. « Les enfants qui grandissent dans des conditions difficiles ont beaucoup plus de risques d’abandonner leurs études sans qualification. Une école qui réussit est une école qui parvient à contrer cette réalité. »

Mais le manque de ressources humaines est un défi de taille. « Nous sommes des professionnels. Nous savons enseigner, mais nous ne sommes pas assez nombreux pour offrir un soutien individualisé à chaque élève », poursuit-il. « La technologie est la seule solution capable de réduire ces écarts au sein d’une même classe. »

« Si vous utilisez Microsoft Teams de manière optimale, c’est comme si vous aviez 25 assistants dans votre classe », affirme-t-il. « Chaque élève dispose de son propre assistant, ce qui les aide à progresser rapidement. Les possibilités sont infinies. »

A woman in a hooded jacket leans forward to talk with a child who is also dressed for cold, wet weather.
Charlie Todts, enseignante et coordinatrice à l’école primaire De Wereldreiziger à Anvers, dans la cour avant le début de la journée scolaire. Photo de Chris Welsch pour Microsoft.

Faire de la lecture une priorité

Depuis 2019, dès la troisième primaire, les élèves reçoivent des ordinateurs Surface de l’école. Ceci leur permet d’accéder à leurs cours et devoirs sur Teams ; les professeurs utilisent Teams et SharePoint afin d’organiser leur travail, faire des réunions et partager les évaluations.

La lecture est au cœur de la réussite scolaire, insiste Groffen. Il distingue la lecture technique – la capacité à décoder des lettres et des mots – de la compréhension de texte. Pour progresser, les élèves non néerlandophones de De Wereldreiziger s’appuient sur deux outils clés : Microsoft Reading Progress et Microsoft Immersive Reader, tous deux intégrés à Teams.

Avec Reading Progress, les élèves lisent un texte à voix haute tandis qu’une intelligence artificielle analyse leur prononciation en temps réel et identifie leurs erreurs. Ils peuvent ainsi visualiser leurs difficultés et s’entraîner à s’améliorer.

A head-and-shoulders portrait of a man with short gray hair wearing a sweater and scarf.

« Cet outil est le plus performant que nous utilisons », affirme Groffen. « Les premiers tests ont été incroyablement prometteurs : des progrès qui prenaient auparavant six mois sont aujourd’hui réalisés en trois semaines. Et nous avons les données pour le prouver. »

Jef Groffen est le directeur de l’établissement De Wereldreiziger à Anvers. Selon lui, « la technologie est notre seule façon d’adresser les différences entre les enfants d’une seule classe. » Photo de Chris Welsch pour Microsoft.

Groffen explique que lui et les autres enseignants sont convaincus qu’il est mieux d’utiliser le même texte pour tous les élèves, indépendamment de leur niveau de néerlandais. En utilisant la traduction instantanée les élèves qui ne parlent pas couramment néerlandais peuvent tout de même participer en temps réel.

Il affirme que dans le passé, attribuer un travail plus facile aux élèves non néerlandophones ou les faire redoubler s’est avérée une stratégie inefficace. « Aujourd’hui, nous essayons de donner à tous les élèves des textes de la même complexité et richesse afin qu’ils gardent tous le même niveau. Le Immersive Reader nous aide avec cela. C’est magique. »

Grâce à cet outil, les enfants peuvent lire le texte dans leur langue puis en néerlandais. Ils peuvent cliquer sur les mots et voir des illustrations explicatives. Il est même capable de traduire la langue parlée en temps réel, ce qui veut dire que les élèves peuvent avoir les instructions sous-titrées dans leur langue de prédilection. Il y a également des outils qui aident les élèves dyslexiques par exemple.

Groffen explique qu’en utilisant cet outil « beaucoup plus d’enfants développent une meilleure compréhension des textes et peuvent suivre le cours standard de compréhension à la lecture en néerlandais adapté à leur âge. »

Un accès équitable à l’éducation pour tous

Kris Vande Moortel, conseiller en éducation chez Microsoft Belgique, travaille en étroite collaboration avec De Wereldreiziger pour tester ces applications de lecture, qui sont mises gratuitement à disposition des écoles belges et ailleurs.

Aujourd’hui, environ 600 enseignants et près de 4 000 élèves en Flandre utilisent ces outils. L’an prochain, leur adoption sera élargie à un réseau d’écoles primaires publiques.

Matt Jubelirer, directeur senior pour Microsoft Education Marketing, voit en De Wereldreiziger un exemple emblématique de l’engagement de l’entreprise dans l’éducation.

A light-haired man in a sweatshirt on the left side of the photo perches on the desk of two students, a boy, center, and a girl with a ponytail, right.
À l’école De Wereldreiziger à Anvers, en Belgique, les élèves reçoivent un ordinateur portable dès la troisième année, et l’utilisation de la technologie devient une partie intégrante de leur méthode d’apprentissage. Photo de Chris Welsch pour Microsoft.

« La mission de l’école est de préparer la prochaine génération », déclare-t-il. « Chez Microsoft, nous nous concentrons sur la manière dont nous pouvons favoriser un accès équitable à l’éducation à travers le monde. »

Il précise que Microsoft propose des programmes pour accompagner l’enseignement primaire, secondaire et supérieur dans la plupart, voire la totalité, des pays où l’entreprise est présente.

En Belgique, Vande Moortel souligne que fixer des exigences élevées est l’une des clés du succès de l’école De Wereldreiziger. Lui-même ayant été enseignant pendant plus de 20 ans, il dit admirer la philosophie prônée par Groffen.

« Malgré les difficultés rencontrées dans cette école, avec 70 langues différentes et la moitié des enfants issus de l’immigration, il dit que ses élèves ont le plus grand potentiel, qu’ils sont l’avenir, et je pense que c’est très fort ».

Dieter Eyzermans, enseignant en quatrième primaire (8-9 ans), fait partie des Microsoft Innovative Education Experts (« MIEEs ») de l’école. Il a suivi une formation approfondie sur l’utilisation des technologies en place et aide également ses collègues enseignants à s’y familiariser. Alors qu’il surveille sa classe de 25 élèves en plein travail, certains s’exercent à lire l’heure, tandis que d’autres se concentrent sur des exercices de mathématiques ou de lecture.

Depuis son bureau, à l’avant de la classe, il démontre comment il peut suivre en temps réel les progrès des élèves dans la résolution des problèmes mathématiques, voir les tâches qu’ils ont déjà accomplies et celles avec lesquelles ils éprouvent encore des difficultés. Il réaffirme les deux grands bénéfices de cette technologie : elle a « considérablement » réduit sa charge de travail, tout en lui permettant de consacrer plus d’attention individuelle à chaque élève.

An overhead shot of a student’s arms. The right hand holds a pencil and is writing in a math workbook. A computer keyboard can be seen at the top of the image.
À l’école De Wereldreiziger à Anvers, en Belgique, les élèves reçoivent un ordinateur portable dès la troisième année, et l’utilisation de la technologie devient une partie intégrante de leur méthode d’apprentissage. Photo de Chris Welsch pour Microsoft.

« Je peux facilement voir quels enfants ont terminé et lesquels sont encore en train de travailler », explique-t-il. « Je peux attribuer des tâches adaptées au niveau de chaque élève, individuellement. Maintenant, il me suffit de sélectionner les exercices : celui-ci est pour toi, celui-là pour toi. Ensuite, je peux vérifier plus facilement et donner un retour personnalisé à chaque enfant. »

Bien qu’il soit un fervent défenseur de l’intégration de la technologie en classe et qu’il en ait constaté les avantages, il reconnaît que l’interaction humaine reste essentielle. « J’utilise l’IA, par exemple, pour m’aider à rédiger mes commentaires sur les bulletins scolaires, mais je fais toujours appel à mon propre jugement. Je vérifie que c’est bien quelque chose que je dirais et que c’est exact. »

« De nombreux enseignants ont peur de la technologie. Ils pensent que ce n’est pas pour eux, qu’ils ne sauront pas l’utiliser, mais je les encourage à simplement essayer », dit-il. « Il ne faut pas en avoir peur, mais l’adopter avec discernement. Ne lui faites pas une confiance aveugle, vous restez un être humain, mais laissez la technologie vous soutenir dans votre travail et votre quotidien. »

Todts explique qu’elle et son mari, également natif d’Anvers, avaient le choix de l’école pour leurs enfants. Ils ont opté pour De Wereldreiziger et ne l’ont jamais regretté.

Elle avoue qu’ils avaient initialement quelques inquiétudes : leurs enfants allaient-ils avoir plus de mal à se faire des amis, sachant que, pour la plupart des élèves, le néerlandais est leur deuxième, troisième, voire quatrième langue ? Mais la cour de récréation a vite dissipé leurs doutes, car le néerlandais y est la langue communement parlée.

« Heureusement, cette inquiétude a disparu après quelques jours », raconte-t-elle. « Les enfants peuvent communiquer entre eux à tellement de niveaux différents. C’est fantastique ! »

Leurs filles ont des amis du monde entier. Elles découvrent chaque jour de nouvelles saveurs, des styles vestimentaires variés et des cultures différentes.

« Quand nous partons en vacances ou que nous sommes ailleurs, notre fille connaît déjà le monde… Parce que le monde est dans son école. »

Image en tête d’article : Deux élèves de quatrième année travaillent sur une présentation PowerPoint sur les animaux à l’école De Wereldreiziger d’Anvers. (Photo de Chris Welsch pour Microsoft.)