Lorsqu’elle a intégré l’université de technologie de Valence (France) pour y étudier l’informatique, Audrey Roumieux faisait partie d’une promotion de première année de 84 étudiants. Six d’entre eux étaient des femmes. « Nous n’avons eu aucun problème à nous retrouver », se souvient-elle en riant. « Dans la classe de 84 personnes, j’ai été l’une des premières personnes à être repérée. » Hormis une blague occasionnelle de mauvais goût de ses camarades masculins, elle s’est épanouie à l’université. « Je ne vois pas vraiment pourquoi il y a si peu de femmes dans l’informatique parce que je suis tout aussi capable qu’un homme de faire mon travail. »
Audrey a ensuite effectué une autre année d’université à Marseille, puis un stage dans un centre de recherche sur le cancer qui développait des modèles d’apprentissage automatique pour détecter les cellules cancéreuses. La technologie la fascine. Celle-ci est statistiquement meilleure à la tâche que les médecins.« C’était comme de la magie, et je voulais tellement savoir ce qu’il y avait derrière », dit-elle. « J’avais envie de poursuivre mes études, et c’est là que j’ai découvert l’école IA Microsoft by Simplon. » Audrey faisait partie de la première promotion de l’école, qui a ouvert ses portes en 2018 pour aider les femmes, les réfugiés, les personnes handicapées et les personnes en reconversion à entrer dans le monde de l’IA. Elle est aujourd’hui ingénieure de données chez Avanade, une société créée par Microsoft et Accenture dans une coentreprise en 2000.
L’école IA Microsoft by Simplon s’inscrit dans le cadre des initiatives de Microsoft pour apporter plus de diversité dans le numérique et à combler les écarts importants en matière de travail et de genre. Un rapport de 2021 de la Commission européenne estime que l’Europe aura besoin de 20 millions de spécialistes des technologies de l’information et de la communication (TIC) d’ici 2030. À l’heure actuelle, 8,4 millions de spécialistes des TIC travaillent dans l’Union européenne, dont 81,5 % d’hommes. Microsoft s’est pour cela associé à Simplon, une entreprise sociale spécialisée dans la formation numérique pour les demandeurs d’emploi de divers horizons. Simplon est implanté en France, en Belgique, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Maroc, au Sénégal, en Tunisie, en Jordanie et en Inde. Les écoles Simplon ont formé plus de 25 000 personnes, dont environ 40% de femmes et 44% des apprenants n’avaient pas de diplôme universitaire au moment d’intégrer la formation.
Pôle Emploi est le principal intermédiaire des nouveaux stagiaires du programme IA (ainsi que des autres programmes de formation numérique de Simplon en France). Les demandeurs d’emploi intéressés et ayant le potentiel sont encouragés à s’inscrire au programme, et le gouvernement français prend en charge une grande partie des frais de scolarité.
Louise Joly est administratrice du programme IA de Simplon, qui fête ses cinq ans en mars. Il existe maintenant 50 écoles IA Microsoft by Simplon en France, qui ont formé plus de 900 personnes, dont environ 29% de femmes. Selon Louise, Simplon a longtemps voulu atteindre la parité entre les sexes dans ses classes, mais une variété d’obstacles freine les femmes et a rendu difficile l’atteinte de cet objectif. « Chez Simplon, nous sommes moins préoccupés par les raisons de ce plafond de verre que par la recherche d’une solution », dit-elle. C’est pour cela que Simplon a créé un cours de préqualification pour les femmes dans le programme IA, ce qui, selon Louise, a entraîné un taux de réussite plus élevé.
Pour Louise, la pédagogie active mise en œuvre dans la formation est la raison du succès de l’école pour amener les apprenants vers un emploi durable. Les apprenants de la formation IA passent quatre mois en classe, sept heures par jour. Ensuite, ils passent un an en apprentissage dans une entreprise, avec une semaine en classe et trois semaines en entreprise. Simplon travaille avec les entreprises pour créer et améliorer continuellement le programme de formation. Les entreprises sélectionnent les candidats à l’apprentissage proposés par Simplon dès le début du programme de formation. De cette façon, Simplon accompagne les entreprises dans un processus de recrutement non traditionnel – en proposant des profils atypiques ne répondant pas aux standards habituels tels que le niveau de diplôme, le parcours professionnel et l’expérience antérieure.
Laurent Cetinsoy est un professeur de l’école IA Microsoft by Simplon à Paris, et c’est un défenseur de l’approche pratique de l’école. « L’idée est que si vous voulez apprendre le tennis, la meilleure façon n’est pas d’entendre un vieil homme parler de tennis pendant trois heures », dit-il. « Nous essayons de mettre l’élève en action le plus tôt possible, mais cela ne veut pas dire que je n’explique pas les choses. »
Même pendant la partie intensive de l’apprentissage, dit Laurent, les participants travaillent sur de vrais projets. Au cours de la première année du programme, dit-il, la classe a aidé un inventeur à améliorer une machine qui recycle immédiatement le plastique pour l’utiliser dans une imprimante 3D connectée afin de créer de nouveaux objets. Les élèves ont utilisé l’IA pour entraîner la machine à reconnaître et à trier le plastique par type. « Nous avons eu la chance de voir Satya Nadella (CEO de Microsoft) visiter l’école à ce moment-là, et il a vraiment aimé le projet », dit-il.
Stan Briand est sorti diplômé de l’école en février 2022 après une année passée en apprentissage chez LACROIX à Rennes. Là, il a développé un système utilisant l’IA et l’Internet des objets (IoT) pour aider à détecter les fuites dans le système d’eau de la ville de Nevers. « En moyenne, en France, les pipelines fuient de 22 à 25 %, de sorte qu’environ un quart de l’eau potable que nous produisons se déverse dans la nature », explique Stan. « Cela est dû à de multiples facteurs, mais le plus important est que les pipelines vieillissent et que leur restauration coûte énormément d’argent. »
Le système développé par Stan prend les données de 200 capteurs qui détectent le débit d’eau dans le réseau d’eau de Nevers et utilise un algorithme d’IA pour les analyser. L’IA aide à localiser les endroits où les fuites sont les plus susceptibles d’être trouvées. L’examen minutieux de ces données prenait bien plus d’une heure par jour pour un travailleur du service des eaux. Selon Stan, cette tâche prend maintenant cinq minutes et libère du temps pour d’autres opérations de maintenance critiques.
« La France comme beaucoup d’autres pays rencontre des problèmes de sécheresse », ce qui rend les ressources en eau plus précieuses, dit Stan. « C’est un pas vers la résolution de ce genre de problèmes, donc c’est vraiment gratifiant. » Le système qu’il a créé est maintenant utilisé dans un système d’aqueduc municipal et sera déployé dans d’autres.
Reynholds Reinette est le superviseur de Stan chez LACROIX. Au cours de son apprentissage d’un an, Stan a mobilisé ses compétences techniques et fait preuve d’initiative dans le développement du système de détection des anomalies d’eau, dit Reynholds, la décision de l’embaucher a été facile à prendre. « Le projet était génial et nous voulions continuer à y travailler », dit Reinette. LACROIX a récemment embauché un autre diplômé de l’école IA Microsoft by Simplon à Rennes et un autre apprenant de l’école est attendu au printemps.
Avant de suivre une formation de spécialiste de l’IA, Stan a enseigné l’anglais à Chengdu, en Chine, et est finalement devenu administrateur au niveau national pour un groupe d’écoles de langue anglaise. Il a informatisé le système d’administration et est devenu fasciné par ce qu’il pouvait faire avec les données. De retour en France, il décide de suivre une formation pour entrer dans le monde de la programmation informatique.
« À ce moment-là, je sentais que le domaine de l’IA nécessiterait beaucoup d’expérience, beaucoup de connaissances en mathématiques et, fondamentalement, je pensais qu’il serait trop difficile pour moi de m’y lancer », se souvient-il. « Mais l’école IA Microsoft by Simplon n’exige pas beaucoup de mathématiques ni même un niveau de master en technologie. Alors, j’ai postulé, j’ai passé quelques tests et je suis entré. »
Laurent, le professeur d’IA, fait écho à Stan, affirmant que les facteurs les plus importants pour le succès du programme sont la motivation et la volonté de travailler très dur. « Vous avez besoin d’un esprit analytique et d’une vision analytique pour résoudre les problèmes », dit-il. « De bonnes compétences en programmation sont plus importantes que d’être un expert en mathématiques. »
Microsoft et Simplon ont collaboré sur un autre programme de formation qui vient de débuter en novembre 2022 : une spécialisation en cybersécurité, un autre domaine où des travailleurs plus compétents sont nécessaires de toute urgence en Europe et ailleurs. Au cours des trois derniers mois, des cyberattaques très médiatisées contre les réseaux de télécommunications au Portugal, les serveurs gouvernementaux en Pologne et les installations pétrolières en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas ont mis en évidence le problème.
L’École de cybersécurité est au cœur du Plan de compétences en cybersécurité de Microsoft en France, qui vise à soutenir la formation de 10 000 nouveaux professionnels de la cybersécurité d’ici fin 2025. Seize étudiants de la première classe du programme ont terminé leurs cours et commencent un apprentissage de 16 mois dans sept entreprises différentes en France. Après sa période de cours intensifs à l’école IA Microsoft by Simplon, Audrey a démarré son apprentissage chez Azeo (racheté depuis par Avanade), qui s’est transformé en CDI.
Audrey aime beaucoup de choses dans son travail, notamment le fait que ses clients et leurs besoins sont variés ; Elle apprend toujours quelque chose de nouveau. Elle a travaillé à la création de moyens d’analyser et de visualiser les données de vente pour une grande société de vins et spiritueux. Pour une agence de publicité, elle a aidé à créer un programme pour envoyer automatiquement des courriels aux clients qui effectuent des retards de paiement chroniques. Elle travaille actuellement à l’organisation et à la visualisation des données pour une entreprise qui gère des cafétérias d’entreprise et distribue des cartes de repas.
« Pour moi, la technologie est un moyen d’aider les gens dans leur vie et dans leur entreprise », dit-elle. Cette croyance vient de son expérience personnelle, dit-elle. « Je suis dyslexique, et quand j’étais petite, on m’a donné un petit ordinateur pour m’aider avec l’orthographe et la grammaire », dit-elle. Elle a vu cet ordinateur comme un allié et a réalisé son potentiel pour résoudre toutes sortes de problèmes. « Clairement, quand quelqu’un m’a donné ce petit ordinateur, ça m’a beaucoup aidé, et je me suis dit que c’est un outil qui aide les gens, et pourquoi pas voir si je pouvais travailler avec lui pour faire la même chose pour les autres. »
Image de couverture : Audrey Roumieux, ingénieur en données chez Avanade à Paris et l’une des premières diplômées de la Microsoft AI School by Simplon. Photo de Chris Welsch pour Microsoft.
