Objectif empreinte carbone négative: premier bilan un an après le lancement

 |   Thomas Kersten, Communication Manager Microsoft Belux

Leaf

Il y a un an Microsoft s’est engagé à atteindre un bilan carbone négatif d’ici à 2030. D’ici à 2050, nous avons également l’ambition d’éliminer de l’environnement tout le carbone que Microsoft émet soit directement, soit par sa consommation électrique depuis sa création en 1975. Nous souhaitons aujourd’hui faire le point sur les premières avancées réalisées, évoquer les enseignements que nous tirons de cette expérience, et montrer comment certains de nos clients, comme DEME en Belgique, en font plus grâce à notre technologie.

En résumé

-Selon nos prévisions, nous avons réduit les émissions de carbone de Microsoft de 6 % (soit environ 730 000 tonnes) au cours de cette première année.

-Nous avons financé l’élimination de 1,3 million de tonnes de carbone dans le cadre de 26 projets à travers le monde.

-Nous nous astreignons à la transparence en soumettant les données de notre rapport annuel consacré au développement durable à l’examen d’un tiers (le cabinet comptable Deloitte). Signe de responsabilité, nos objectifs de durabilité deviendront un facteur de détermination de la rémunération des dirigeants de Microsoft, à partir de notre prochain exercice fiscal (juillet 2021).

-Nous publions également notre rapport consacré au développement durable le plus complet à ce jour. Il fait le point sur nos engagements visant à atteindre une empreinte carbone négative et une empreinte eau positive, à devenir une entreprise « zéro-déchet » et à créer notre « ordinateur planétaire » pour recueillir des données qui aideront à améliorer la biodiversité sur la planète.

Réduction de nos émissions de carbone

Lors de la première année nos émissions ont reculé de 6 % (en passant de 11,6 millions de tonnes à 10,9 millions de tonnes)*. Notre objectif est de les réduire de plus de la moitié d’ici à 2030. Si nous maintenons et améliorons ce rythme au cours des 10 prochaines années, nous atteindrons et, espérons-le, dépasserons cet objectif.

Une faible part des progrès réalisés l’année dernière est liée à la baisse d’activité observée à l’échelle mondiale suite à l’émergence de la pandémie de COVID-19. Il s’agit évidemment d’un aspect non viable, qui met toutefois en exergue l’impact des autres sources de progrès. L’accélération de la transition énergétique des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables au sein de nos installations et la réduction des émissions de nos fournisseurs figurent ainsi parmi les facteurs les plus importants.

À l’heure du bilan, nous constatons que deux évolutions sous-jacentes s’avèrent essentielles pour progresser de façon rapide et efficace. La première a trait à l’extension de notre redevance carbone interne aux émissions de catégorie 3, soit les émissions de carbone liées à l’activité de nos fournisseurs et l’utilisation de nos produits par les clients. Pendant des années, nous avons appliqué ce dispositif à nos émissions de catégories 1 et 2. Celui-ci contraignait toutes les divisions de Microsoft à compenser financièrement (15 dollars la tonne) leurs émissions de carbone directes liées aux déplacements et à la consommation d’énergie. Depuis notre nouvel exercice qui a débuté le 1er juillet dernier, Amy Hood a élargi notre redevance carbone interne aux émissions de catégorie 3. Initialement plus basse, celle-ci est fixée à 5 dollars la tonne et sera majorée chaque année.

Cette mesure incite déjà les divisions de l’entreprise à promouvoir auprès des fournisseurs la réduction des émissions liées à leurs produits. Ces améliorations illustrent l’importance à long terme de la modification que nous avons introduite l’année dernière dans notre code de conduite des fournisseurs et qui leur impose de communiquer leurs émissions de gaz à effet de serre. En plus d’accroître la transparence, cette mesure nous permet d’établir un partenariat plus efficace avec nos fournisseurs dans une optique de réduction de leurs émissions. La divulgation de ces données représente désormais un aspect explicite de nos processus d’approvisionnement et fait notamment partie des critères examinés dans le cadre des décisions d’achat.

Nous pensons que la contribution la plus importante de Microsoft à la réduction des déchets ne viendra pas uniquement de notre propre travail, mais en aidant nos clients, partenaires et fournisseurs du monde entier à réduire leur empreinte carbone grâce à nos apprentissages et à la puissance des données, de l’IA et de la technologie numérique.

Un bon exemple de ceci est la façon dont une société de dragage belge, DEME, utilise HoloLens et l’IA pour capturer les déchets plastique dans les cours d’eau. Pour faire face au problème croissant de la pollution des rivières, DEME a installé un chasseur de déchets marins sur l’Escaut en Belgique pour le compte de De Vlaamse Waterweg. Le projet consiste en une installation fixe qui collecte passivement les déchets flottants et en suspension dans l’eau et un système mobile qui collecte activement les plus gros déchets. Cela comprend un système de détection intelligent, un bateau de travail qui peut naviguer de manière autonome et un point de charge. Les déchets flottants sont détectés grâce à l’intelligence artificielle par des caméras intelligentes. Le bateau de travail intercepte les déchets et les pousse vers un ponton de collecte, où une grue équipée d’un grappin transfère les déchets dans un conteneur. La grue est commandée à distance par un opérateur utilisant la réalité virtuelle et la technologie de vision 3D Microsoft HoloLens. En réduisant la quantité de macro-plastiques dans les rivières, De Vlaamse Waterweg les empêchera d’affecter l’océan et la vie marine.

Boat on water

Comme nous l’avons souligné dans notre rapport consacré au développement durable, cet aspect de notre activité nous apprend que nous devons nous imposer des normes strictes. Comme nous l’avons déjà évoqué en janvier 2020, il est essentiel de nous initier sérieusement aux « maths du carbone ». Les méthodes de comptabilité carbone actuellement utilisées manquent de précision et d’un cadre contraignant. Nous avons besoin de protocoles clairs afin de garantir que les progrès dont il est fait état se traduisent concrètement dans le monde réel. Moins spectaculaire, une autre avancée n’en est pas moins indispensable. Les contrats des fournisseurs jouent ainsi un rôle primordial dans la décarbonation de notre chaîne logistique. À l’heure actuelle, ceux-ci ne fixent aucun prix au carbone. Cela doit changer. Les engagements pris en la matière doivent influencer les décisions d’achat.

L’expérience accumulée cette année nous a renforcé dans la conviction que la majorité des progrès se fondent sur des normes précises, des incitations économiques réelles et des mesures efficaces basées sur la technologie. Nous pensons que la combinaison de ces facteurs est suffisamment puissante pour accélérer les progrès réalisés à l’échelle de la planète.

Élimination du carbone de l’environnement

Nous annonçons aujourd’hui avoir financé l’élimination de 1,3 million de tonnes de carbone auprès de 15 fournisseurs dans le cadre de 26 projets à travers le monde. La portée de cette mesure est à la fois considérable et modeste. Mais il ne s’agit que d’une étape initiale en comparaison avec nos ambitions pour 2030. Nous l’envisageons ainsi : si notre objectif est de nous rendre sur la Lune avant la fin de la décennie, c’est comme si nous avions envoyé un astronaute graviter autour de la Terre. Nous sommes sur la bonne voie, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

graph showing carbon removal strategy

Ces investissements sont le résultat d’un appel à propositions que nous avons publié en juillet 2020 dans le but d’éliminer 1 million de tonnes de carbone. La mobilisation a été incroyable. Nous avons reçu des propositions développées dans le cadre de 189 projets mis en place par 79 candidats issus de plus de 40 pays. Certaines d’entre elles visaient notamment à éliminer 55 millions de tonnes de carbone cette année.

Ce processus nous a aidé à créer un portefeuille de solutions d’élimination du carbone adaptées à nos besoins actuels et qui s’appuient sur des technologies d’avenir. Plus important encore, il nous a permis d’identifier certaines forces et faiblesses qui méritent d’être partagées avec le reste du monde et envisagées dans une optique analytique.

Commençons par les forces. Celles-ci tiennent à quelque principes clés qui ont fonctionné pour nous l’année précédente. Il s’agit notamment de combiner la réduction de l’empreinte carbone et son élimination, de telle sorte que la seconde orientation ne devienne pas une excuse pour éviter de s’atteler à la première. C’est le résultat auquel nous nous efforçons d’aboutir en réduisant nos propres émissions et en cherchant à éliminer notre empreinte carbone. Il est par ailleurs indispensable de réduire les investissements visant à compenser les émissions de carbone afin de privilégier ceux visant à les éliminer. Pour bien comprendre la différence entre les deux concepts, il est possible de les envisager comme suit : la compensation carbone peut impliquer de financer un tiers afin qu’il n’émette pas de carbone pour votre compte, alors que l’élimination du carbone implique de financer un tiers afin qu’il élimine du carbone pour votre compte. Évidemment, pour faire face à la crise du carbone, il vaut parfois mieux éviter de prendre de nouvelles mesures susceptibles d’accroître le volume de carbone produit. Mais le fait de payer un tiers afin qu’il n’émette pas de carbone revient littéralement à le payer pour ne rien faire. Or, nous savons pertinemment que nous ne pouvons pas nous contenter de ne rien faire. Les enjeux liés à la crise climatique appellent des mesures fortes.

Évoquons à présent les faiblesses dont nos efforts ne sont pas exempts. Comme nous l’avons noté dans notre rapport plus étoffé, il n’existe pas à l’heure actuelle de véritable écosystème d’élimination du carbone. Il faudrait mettre en place un tout nouveau marché d’une ampleur sans précédent. Loin d’être aisée, cette tâche nécessitera simultanément un contrôle de l’intégrité, une coordination des secteurs public et privé, et l’investissement de capitaux conséquents.

Nous espérons que notre appel à propositions contribuera à créer un élan qui nous dépasse. Notre première impression est que le monde est non seulement prêt à créer ce nouveau marché, mais aussi impatient de le faire. Voilà pourquoi nous avons décidé de publier les 189 propositions d’élimination du carbone que nous avons reçues, sans divulguer de renseignements commerciaux. Nous partageons également les enseignements que nous tirons de nos expériences fructueuses et de nos tentatives avortées afin que d’autres puissent parvenir plus vite à un bilan carbone négatif. Nous vous encourageons à lire notre livre blanc sur l’élimination du carbone pour en apprendre davantage.

Notre travail initial comporte également une deuxième faiblesse majeure. À l’image du marché actuel et de notre besoin immédiat d’élimination du carbone, presque toutes les solutions d’élimination du carbone dans lesquelles nous investissons s’inscrivent dans une logique écologique à court terme. Le reste s’appuie sur des dispositifs hybrides efficaces à moyen terme ou des solutions technologiques pérennes qui doivent encore faire leurs preuves.

Ces pistes sont encore trop inabouties pour nous permettre de réaliser nos ambitions. Il reste à inventer des solutions technologiques bien plus solides que celles disponibles aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé l’an dernier notre fonds d’innovation pour le climat doté d’1 milliard de dollars, qui investit dans de nouvelles technologies telles que la capture directe dans l’air.

Progression de la transparence et de la responsabilité

La nécessité de créer des institutions chargées d’organiser la transparence et la responsabilité dans le domaine de la lutte contre la crise climatique prend une ampleur grandissante. Le Pacte vert pour l’Europe est un bon exemple de cette tendance. Nous prenons nous-mêmes deux mesures pour faire progresser Microsoft dans ce sens.

Premièrement, dans un souci de transparence, nous publions les données relatives à nos émissions de carbone, notre consommation d’eau, notre production de déchets et nos écosystèmes dans notre rapport consacré au développement durable. Celles-ci ont fait l’objet de vérifications par un organisme tiers indépendant. Par ailleurs, nous nous engageons aujourd’hui à faire contrôler nos prochains rapports par le cabinet Deloitte.

Deuxièmement, nous annonçons aujourd’hui que nos objectifs de durabilité deviendront un facteur de détermination de la rémunération de nos dirigeants, à partir du prochain exercice qui débute en juillet. Cette mesure vient s’ajouter à la pratique que nous avons mise en place en 2016 qui consiste à lier une partie de la rémunération de l’équipe d’encadrement aux dispositions que ses membres prennent en lien avec les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance, notamment les progrès liés à la représentation de la diversité. D’ici à juillet, le comité de rémunération du conseil d’administration de Microsoft sera chargé d’évaluer, d’examiner et d’approuver ces changements. Les résultats obtenus conditionneront la rémunération des hauts dirigeants de l’entreprise, y compris celle du PDG Satya Nadella.

Perspectives pour l’avenir

Lorsque nous envisageons l’avenir, nous sommes à la fois frappés par la nature colossale du défi et par les possibilités toujours plus nombreuses de progrès. L’année dernière, des entreprises du monde entier ont lancé de nouvelles initiatives liées au développement durable. Plusieurs groupes se sont par ailleurs engagés à atteindre l’objectif « zéro émission nette » à l’instar de Starbucks, Maersk, Cemex, Unilever, Amazon, Apple, Google et Stripe.

De plus en plus, les investisseurs et actionnaires demandent, voire exigent ce type de changement. Comme l’a exprimé le PDG de BlackRock Larry Fink, « Nous savons que le risque climatique est un risque d’investissement. Mais nous pensons également que la transition climatique fait naître une occasion d’investissement historique ». En bref, le monde exhorte de plus en plus le système capitaliste à mobiliser les investissements du secteur privé afin de s’attaquer à la crise climatique. Il est ainsi probable que les annonces effectuées l’année dernière par les entreprises en ce sens seront révélatrices d’une évolution durable plutôt que d’une tendance éphémère.

La géopolitique du carbone connaît également des évolutions encourageantes. En tant qu’entreprise n’ayant jamais quitté l’accord de Paris sur le climat, nous nous réjouissons que le gouvernement des États-Unis ait décidé d’y revenir. Il existe une perspective réelle de rétablissement d’un partenariat transatlantique fort entre l’Union européenne et les États-Unis. Tant à Bruxelles qu’à Washington D.C., la réduction des émissions de carbone, mais aussi l’équité environnementale et la nécessité d’une transition juste vers la neutralité carbone, font l’objet d’un intérêt grandissant. Des principes qui guident également notre travail.

Le renforcement de la coopération transatlantique n’est clairement qu’un début. Aucune autre problématique ne nécessite une collaboration multilatérale plus cohérente et large que le développement durable. Dans un monde marqué par les dissensions, le développement d’initiatives qui pourraient susciter l’intérêt de tous les gouvernements fait renaître l’espoir.

Un autre enseignement que nous tirons du travail effectué l’année passée est que le savoir confère un pouvoir exceptionnel. Il nous reste tant de choses à découvrir. Au cours des trois prochaines décennies, nous allons avoir besoin d’innovations technologiques majeures aussi révolutionnaires que celles qui ont permis à l’humanité de poser le pied sur la Lune il y a un demi-siècle. Seuls une collaboration étroite et de nouveaux investissements pourront permettre à de telles avancées de se produire.

La discussion constitue également un aspect important sur la voie du progrès. C’est la rencontre de personnes issues de différents horizons qui nous a permis d’accumuler une grande partie de nos propres connaissances.

*En raison de différences entre les méthodes de comptabilisation du carbone utilisées dans le cadre de notre exercice et cette mise à jour intervenue pendant l’année civile, les chiffres vérifiés dont il est fait état dans notre rapport annuel sont légèrement différents des estimations incluses dans ce billet de blog.

 

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